L’Amassada, c’était un lieu de vie, un lieu d’occupation, un lieu en lutte contre l’implantation par RTE, Réseau Transport Électricité, filiale d’EDF, d’un méga transformateur électrique raccordant les éoliennes du Sud Aveyron et des départements alentours. Un méga-transfo c’est un peu comme un gros échangeur connecté à l’autoroute de l’électricité. Comme si la petite commune de Saint Victor ne subissait pas déjà la folie des aménageurs avec 13 lignes haute tension, une ligne très haute tension, un transfo régional, une usine hydroélectrique, deux barrages et des éoliennes en pagaille et maintenant un transfo de 400 000 volts pour exporter l’électricité vers les grandes métropoles du sud, l’Espagne et éventuellement le Maroc !
Cette Fête du Vent est l’occasion pour nous de parler de la lutte de l’Amassada, de réunir les camarades de l’Isthme de Tehuantepec au Mexique qui témoigneront de l’impact dévastateur d’EDF là-bas, de rencontrer des personnes d’autres luttes qui se battent contre l’ordre électrique en France et d’accueillir les compañeroas zapatistas. Les zapatistes construisent leur autonomie sur un territoire grand comme la Bretagne, au Chiapas, au Sud-Est du Mexique, depuis leur soulèvement du 1er janvier 1994. Dans le cadre de ce qu’elles appellent le voyage pour la vie, une délégation vient nous « envahir consensuellement » (ce sont leurs mots), 500 ans après la colonisation et vient rencontrer nos luttes, nos envies et nos espoirs.
Même si l’Amassada a été expulsée, il est primordial pour nous de continuer à porter le discours contre l’ordre électrique, de montrer le vrai visage de la politique soi-disant « écologique » de la France et d’EDF : un cratère puis un méga transformateur sur la Plaine, là où se dressait avant les cabanes de l’Amassada ; des milliers d’éoliennes industrielles sur l’Isthme de Tehuantepec et son lot de catastrophes : pollutions des eaux et des terres arables dues au ruissellement de l’huile des turbines, circulation des eaux souterraines perturbées par les fondations en béton, massacre d’oiseaux migrateurs et des chauve-souris qui régulent la population de moustiques, ce qui favorise la propagation de la dengue dans la région.
Les conséquences sociales sont également extrêmement graves : en contribuant à la désintégration du tissu social istmeño et à la violation des droits humains, ces projets portés par des multinationales comme EDF reposent sur la privatisation illégale de terres communales, dépossédant ainsi les peuples autochtones de l’isthme de leurs usages traditionnels et de leurs territoires. Ils divisent la population, favorisent les conflits locaux et les violences contre les opposant-es aux projets. Leur transition n’est ni sociale, ni démocratique, ni écologique. Déjà, en France, l’installation des éoliennes industrielles nécessite l’extraction de minerais rares à l’autre bout du monde.
Ainsi leur écologie est colonialiste. Leur écologie est mortifère. Leur écologie participe d’un monde toujours plus smart, plus connecté, plus surveillé, plus totalitaire.
Alors on a envie d’échanger autour de ces thèmes pendant cette Fête du Vent.
On a aussi à cœur, le samedi, de déambuler, dans les champs en laissant une grande place aux émotions dans une démarche écoféministe. Le rituel, pensé et porté en mixité choisi sera vécu en mixité avec toutes et tous. Nous vous invitons à venir avec vos tissus, aiguilles et matériel de broderie pour ajouter votre touche à l’œuvre qu’on est en train d’élaborer. Lors de ce rituel, nous déposerons des objets qui ont une symbolique pour nous, qui nous touchent et on vous invite à faire de même. On souhaite aussi, avec ce rituel, dire au-revoir à l’Amassada, dans un calendrier qu’on aura choisi nous et non dicté par l’expulsion et les procès.
On a prévu un programme et des temps définis mais on souhaite que ce programme reste ouvert pour des propositions d’ateliers, de discussions, de chorales, d’art… On a aussi à coeur d’inclure les enfants : un espace et des animations seront prévues pour elles et eux par les adultes volontaires sur le site dans une démarche autogérée. On va aussi regarder un film, faire une balade botanique, vivre et danser un bal traditionnel, boire des thés glacés et des limonades de sureau, regarder un spectacle d’ombres et entendre des poèmes et des théorèmes. On invite toutes les personnes qui ont été proches de l’Amassada ou qui ont déjà participé aux dernières fêtes du vent, à nous rejoindre.
Si tu es dispo en amont et en aval de l’événement, toute aide est la bienvenue pour monter le camp ! Et si tu es chaud.e de la traduction français vers espagnol ou espagnol vers français, on aura besoin de toi sur place !
Le programme sort très bientôt, plus d’informations sur douze.noblogs.org
A bientôt !
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